1,7 points Premiers de cordée

Les 1,7 points de la colère

Aujourd'hui, c'est un billet d'humeur. Je ne suis pas contente.
Je le dis franchement. Et pas seulement à cause du 1,7% !

Pour le député En Marche Eric Alauzet, qui plus est, rapporteur du budget de la Sécurité sociale pour la commission des finances : « Les retraités d’aujourd’hui font partie d’une génération dorée ! »

C’est insupportable d’entendre ça.

Les retraités sont révoltés. Ils ont constaté avec amertume que le montant de leur pension est en nette baisse depuis le mois de janvier 2018. Ceux qui touchent au moins 1.200 euros brut par mois quand ils sont seuls (le plafond est abaissé pour les couples). Les cotisations sociales des salariés ont (plus ou moins) baissées, leur CSG a augmenté. Ça équilibre (à peu près). Mais les retraités sont juste soumis à la CSG… et voilà. La CSG a augmenté de 1,7 points.

1,7 : les premiers de cordée renflouent les caisses de l'Etat

Les premiers de cordée renflouent les caisses de l'Etat en nous faisant les poches !

Le même Eric Alauzet marche droit. Pour lui, la colère des retraités est injustifiée. Il affirme que les mesures engagées seront "neutres pour les retraités les plus modestes."

Il ajoute : "s’ils ont travaillé toute leur vie, ça ne suffit pas comme argument au moment où il faut trouver de l’argent pour renflouer les caisses de l’Etat."

Les retraités sont-ils des citrons que l’on peut presser à l’infini ?

Je rappelle juste qu’être retraité est un statut administratif, voire fiscal, et non une catégorie sociale.

Comme je l’ai écrit dans l’ancienne version de ce blog, un nonagénaire, fils de paysan et ex paysan lui même est un retraité au même titre qu’un ex cadre sup d’une entreprise du CAC 40 de 65 ans.
Après une vie de cheminot, une carrière d’infirmière ou de prof de lycée, on devient retraité. Et le médecin, chef de service hospitalier, qui dirige aussi une clinique privée devient un jour retraité.

Ils ont tous travaillé dur. C’est certain. Mais à l’évidence, ils n’ont pas le même statut social !

Si l’argent ne fait pas le bonheur, c’est quand même plus facile quand on en a.

Les retraités sont mécontents de ces 1,7 points et ils entendent bien le faire savoir. Ils manifesteront le 15 mars pour dénoncer les mesures fiscales qui grèvent leur pouvoir d’achat, notamment la hausse de la CSG.

Mais où est donc passé l'intérêt général ?

Le même Eric Alauzet nous raconte de belles histoires. Un super storytelling.
Il prétend que "Ceux qui vont être pénalisés ne représentent qu’une minorité. (…) pour les 40 % de retraités moyens, ni pauvres, ni riches, elles [les mesures fiscales ] seront compensées en très grande partie par les autres mesures. Si leur taxe d’habitation est élevée, ils seront gagnants."

Faut peut être pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages…
Comme si la taxe d’habitation ne servait à rien !
D’abord :

  • Qui finance les écoles, les hopitaux, les EHPAD et bien d’autres choses ? Ce sont les collectivités locales. Et d’où ont-elles l’argent ?
  • Question bête… elles n’en auront bientôt plus car l’Etat supprime leurs sources de revenu.

Ensuite, si votre taxe d’habitation est élevée, c’est que, sauf exception, vous avez les moyens de la payer…
et donc que vous n’habitez pas dans le même quartier que ceux qui n’en ont pas les moyens…
Traduction : si vous êtes riche, vous êtes gagnant !

Il y a de plus en plus de retraités et donc de moins en moins d'argent dans les caisses.
C'est ce qu'expliquent le Conseil d'Orientation des retraites (COR), le député susnommé, le porte-parole du gouvernement et ainsi de suite.


Le système est inadapté, disent-ils, il faut aller vers un choc de simplification.

Alors ça pour simplifier, ils s’y entendent. Ils nous simplifient direct !

Et pour nous rassurer ils utilisent un très joli vocabulaire : transparence, équité…

Alors d'un coté on traite les retraités de privilégiés, de génération dorée et de l'autre on ratiboise en jouant les Raminagrobis. Oh que tu as de grandes dents ! Mais c'est pour mieux te manger, mon papy !

Comme je l'ai dit et répété (heureusement je ne suis pas la seule) :

1- S'il y avait moins de chômeurs, il y aurait davantage d'argent dans les caisses de retraite (pas dans celles de l'Etat !).

2- S'il y avait davantage d'argent dans les caisses de retraite, il y aurait de quoi payer des retraites convenables aux retraités qui ont travaillé et cotisé toute leur vie.

3- Et il y aurait aussi un super bonus : davantage d'actifs qui pourraient nourrir correctement leur famille.



Mais ça, ça implique des politiques publiques en faveur de l'emploi et pas juste pour les premiers de cordée.

Gouverner c’est faire des choix politiques

Gouverner c’est faire des choix.
Des choix politiques. Gouverner un pays ce n'est pas diriger une entreprise.
Les finances publiques ne se gèrent pas non plus comme un budget familial…
Croire… ou plutot nous raconter que seuls l'efficacité, le pragmatisme et le bon sens seraient les boussoles de nos dirigeants est un leurre comme on n’en fait plus.

Mais c’est vrai que plus c’est gros, plus ça passe !

Aujourd'hui, il n'y a plus de problème social… tout est problème individuel (sic).

  • Le chômage ne serait pas un problème social. Si t’es chômeur c’est que tu le veut bien, tu n’es qu’un fainéant.
  • Les cheminots seraient des favorisés. Ils toucheraient des tas d’avantages comme la prime charbon (qui n’existe plus depuis 60 ans), ils ne payent pas le train. Sauf qu’ils doivent prendre le train pour faire leur boulot !
  • Les retraités manqueraient d’esprit de solidarité. Si tu refuses qu’on te fasse les poches, qu’on réduise ta retraite déjà pas très lourde, c’est que tu manques de compassion pour les plus jeunes… et la solidarité b… !

Deux mondes : celui des premiers de cordée face à celui de la solidarité citoyenne

Ce sont bien deux visions du monde qui s’opposent :

  • la glorification de l’individu (coté pouvoir) : la réussite à la force du poignet. Enfin… si vos parents ont de bons revenus et vous ont permis de faire une belle carrière, c’est plus facile…
  • en face : la solidarité sociale, la valorisation de la citoyenneté

Et vous, comment envisagez vous votre baisse de pouvoir d’achat et les ponctions sur votre pension de retraite ?

Merci de m'avoir lue.

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