Manif Bastille décembre 19

La retraite à la française : un système solidaire

Le système de retraites français est un système solidaire, par répartition, dont le régime de base délivre une prestation définie : il garantit un niveau de prestation aux retraités qui ne dépend pas des aléas économiques et financiers.

Les statisticiens de l’Insee nous l'expliquent

"La scène a lieu au troisième étage de la tour de l’Horloge, dans la gare de Lyon, qui remplace pour l’occasion les austères bâtiments de l’Institut de la statistique et des études économiques à Montrouge, rapporte Challenge."

"Lors de leur habituelle conférence de fin d’année, les économistes du vénérable institut de la statistique et des études économiques ont été quelque peu bousculés par une intervention imprévue. Dans le léger brouhaha qui suivait la fin de la conférence, une voix déterminée s’est élevée: “Bonjour, nous sommes le comité de mobilisation de la direction générale de l’Insee, et nous aimerions vous parler de la réforme des retraites!”. Le téméraire auteur de cette prise de parole est un jeune statisticien qui tient en main une “note de conjoncture” bien inhabituelle."

Nous sommes des statisticiennes et statisticiens de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques. À ce titre, nous réaffirmons que le rôle de la statistique publique est d’éclairer le débat public et d’apporter aux citoyens des éléments de compréhension des enjeux sociaux et économiques.

Quelques extraits (pour le document complet c'est ici) :

Le système de retraites français est un système solidaire

Le système de retraites français est un système solidaire, par répartition, dont le régime de base délivre une prestation définie : il garantit un niveau de prestation aux retraités qui ne dépend pas des aléas économiques et financiers.
Ce système a été mis en place au sortir de la seconde guerre mondiale. Il a sorti la majorité des retraités de la pauvreté et a réduit les inégalités par rapport à celles du marché du travail.

 Le système actuel pourrait être amélioré, sans tout casser.

Les politiques d'emploi organisent le déficit depuis 40 ans

Il faut savoir que le déficit est d’abord une question de ressources.

Le déficit actuel du système de retraites est le fruit d’une succession de politiques publiques. Ces politique ont eu pour effet de faire stagner les ressources, tandis que les dépenses augmentaient régulièrement.

En effet, les dépenses ont progressé du fait des évolutions démographiques, ainsi que de l’amélioration des pensions, notamment parce que les carrières sont plus souvent complètes (en particulier pour les femmes).

Or, les exonérations de cotisations sociales n’ont été, pour les régimes de retraites, que partiellement compensées par l’État. La Cour des comptes rappelle que les allégements généraux de cotisations patronales sont estimés au total à 52 milliards d’euros en 2019. En comparaison, le déficit 2018 des caisses de retraites est de 3,5 milliards d’euros. Il est donc loin d’être insurmontable.

Le déficit est creusé par les suppressions d’emplois dans les services publics. Comme le met en avant le dernier rapport du COR, la dégradation du solde des régimes de retraites ces dernières années s’explique avant tout par les coupes dans la masse salariale de la fonction publique, cette dernière se caractérisant par des taux de cotisation sensiblement plus élevés que le privé.

Malgré la poursuite de ces politiques d’austérité et la baisse des contributions des différentes entités publiques (État, collectivités locales, Cnaf, Unédic…) qui en découle, le déficit projeté par le COR à l’horizon 2025 ne serait pourtant que de 0,3 % à 0,7 % du PIB, ce qui représente entre un quart et la moitié de la croissance annuelle. C’est largement absorbable.

Au-delà des seuls services publics, un chômage élevé entraîne un manque à gagner en termes de cotisations sociales. Des politiques efficaces de lutte contre le chômage contribueraient ainsi à résorber le déficit des caisses de retraites. Boom Génération ne dit pas autre chose

La retraite par points : un système universel de baisse des pensions.

Le projet de réforme du système de retraites est conçu pour respecter une règle : le plafonnement des dépenses consacrées aux retraites devra être au plus de 14% du PIB, soit à peu près le niveau actuel. Dans le même temps, la part des personnes âgées de 65 ans ou+ dans la population va passer de 20% en 2020 à 26% en 2040. Empêcher les ressources allouées au système de retraites d’accompagner cette évolution démographique entraînera mécaniquement le décrochage universel du niveau des pensions.

Qui pourra travailler jusqu’à 64 ans ?

Dans le système proposé, il y a un âge pivot : 64 ans. C'est l'âge du taux plein. Puis cet âge pivot sera repoussé automatiquement de génération en génération. Dans un contexte de chômage important des seniors, cela signifie pour beaucoup prolonger une période d’inactivité ! Parmi les natifs de 1954, 19% étaient au chômage au moment de la liquidation de leurs droits. De plus, l’espérance de vie en bonne santé plafonne à 64 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes depuis 10 ans.

La retraite par points reproduit les inégalités du marché du travail.

Le principe affiché de la réforme « un euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous » ne réduit pas les inégalités. Au contraire, il reproduit (NDLR il renforce et aggrave ) les inégalités du marché du travail. La prise en compte de l’ensemble de la carrière au lieu des 25 meilleures années pénalisera ceux qui auront connu des interruptions d’activité, des petits boulots ou des périodes de chômage de longue durée. Cela concerne en particulier les femmes : dans la génération 1956, 1 femme sur 2 a eu plus de 20% d’années incomplètes au moment de liquider sa pension, contre 6% pour les hommes.

Le système de retraites français est un système solidaire quasi unique au monde. Le dernier village gaulois qui a résisté jusqu'ici à l'appétit des fonds de pension.