Comment trouver le bonheur quand on a peur de la retraite ?

Comment trouver le bonheur quand on a peur de la retraite ?

La retraite : même pas peur ?
La retraite :
enfin la quille, le bonheur à portée de main ?

C’est l’histoire d’Olivier, ce cadre de 62 ans que j’interviewais.
Tout à coup, il regarde à gauche, puis à droite pour s'assurer que personne ne l'entend, il se penche vers moi et me dit en chuchotant :

« Je vais être honnête : j'ai peur de la retraite. Je ne pourrais jamais… c'est-à-dire je ne peux pas ne rien faire ! »

Olivier a la soixantaine fringante, toujours une pêche d’enfer. C’est un actif dans l’âme. Il aime bien son travail même si avec l’âge et les années d’ancienneté, on l’a mis à un poste plus cool, plus routinier, avec moins d’innovations et d'adrénaline à la clé.

Olivier a pris conscience que 3 mois plus tard il allait quitter son entreprise.

Il était là, tranquille, sur un tapis moelleux, et on allait le lui tirer sous les pieds, le tapis ! Il avait le sentiment de se casser la figure ! La retraite était la mauvaise blague de sa carrière professionnelle.

C'est de cela que je vais vous parler dans cet article. Je vais décortiquer les 6 principales sources d'angoisse qui vous prennent à la gorge au moment de la transition retraite. Pour vous donner une idée de ce qui vous attend ! Et je vous propose un exercice simple et efficace pour débloquer vos angoisses et clarifier ce qui va donner du sens à votre nouvelle vie.

Une peur secrète : passer de la vie professionnelle à la vie sans profession

Là, pendant l’entretien, Olivier exprimait une peur secrète, une peur que ressentent de nombreuses personnes à l’approche de la retraite. Il me l’a avoué :

« Je ne saurais pas quoi faire de moi. »

Et il a ajouté :

« Vous ne pouvez pas jouer au golf et ne faire que ça ! Jouer au golf et regarder des séries sur son smartphone, ce n’est pas une vie ! »

Tout cela est parfaitement compréhensible.

Pendant des décennies, Olivier avait un endroit où aller chaque jour : son bureau ou ses rendez-vous client. Il avait un agenda bien rempli avec des clients et des employés qui comptaient sur lui. Il avait un but, une direction, sa vie avait du sens. Et avec la retraite, patatra ! Tout s’écroule !

Olivier n’est pas un cas unique. Loin de là.

On dit que 1 sexagénaire sur 3 a une période de doute après avoir soufflé ses 60 bougies. C’est à la fois l’heure du bilan et le moment de se demander ce que l’on va faire de sa vie d’après… d'après la vie professionnelle.

« Je suis enseignante depuis plus de 30 ans, raconte Sonia. Dans 1 an je serais à la retraite… et j'ai peur !

Peur de cette inactivité soudaine, peur de la coupure sociale, peur de ne pas savoir quoi faire ! Je connais peu de monde dans la région où j’ai été mutée. Mon compagnon part à la retraite avant moi. Mes enfants sont grands, ma petite fille va à l'école... J’évite d’y penser parce que ça tourne au cauchemar. »

Olivier et Sonia ne sont pas très originaux !

Leurs angoisses sont assez largement partagées. Parfois c'est très violent, comme pour Sonia. Souvent ça l'est moins. Pourtant, changer de vie, passer d'une vie structurée et bien remplie à… à quoi, au fait ?

A l'incertitude de ne pas savoir de quoi demain sera fait, tout simplement.

Des angoisses bloquantes

L’angoisse est là, au creux de l’estomac. On n’ose pas en parler car ce n’est ni rationnel ni cohérent.

Olivier par exemple a très envie de tourner la page. Certes il est très performant dans son nouveau poste mais il n’a plus la motivation d’antan. Il est dans la routine, le ronron.

Mais comme il a le ventre noué en pensant à la retraite, il déclare à qui veut l’entendre que son travail lui plait, qu’il n’est pas encore un vieux crouton et qu’il peut continuer encore longtemps. Pourtant,  il soutient les revendications de la retraite à 60 ans.

Tout cela est finalement assez confus.

Mais l'anxiété est bien présente.

Les enquêtes montrent que, à l’orée de la retraite, les inquiétudes sont nombreuses et finalement pas très variées.  Les 4 mêmes sources principales d’angoisse (avant) et 2 autres qui apparaissent quand commence la retraite.

1.     Ne pas avoir assez d’argent pour vivre correctement

2.     S’ennuyer, ne pas savoir quoi faire de ses journées

3.     Devenir socialement inutile

4.     Etre isolé et seul(e)

5.     Perdre son identité sociale, ne plus savoir qui l’on est

6.     Se laisser happer par un grand vide béant

1- Tout d’abord la question financière

79% des presque retraités ont peur de ne pas avoir un revenu suffisant quand ils seront à la retraite.

Réforme ou pas réforme, chacun a bien conscience que son revenu va baisser d’un cran. Les projets de voyage ou de travaux de rénovation dans la maison risquent d’en prendre un coup !

L'état de vos finances à la retraite est la suite de votre revenu au cours de vos années de travail. Le taux de remplacement  (le rapport entre le montant de la pension de retraite et le revenu moyen antérieur) n'est pas fameux, certes. Sauf à trouver un job rémunéré pour compléter la pension de retraite, il faudra faire avec.

En revanche, les autres peurs — et elles ne manquent pas ! — vous pouvez les surmonter. Il suffit de vouloir le faire et de vous en donner les moyens.

Voyons cela de plus près...

2- Ensuite la peur de l’ennui et du désœuvrement

Olivier le dit clairement : il ne saura pas « ne rien faire ».

49% des futurs retraités ressentent cette inquiétude à l’idée de quitter le monde du travail prochainement.

Sonia, enseignante, a une année toujours bien organisée avec les temps de classe, les petites vacances et l’été avant la rentrée des classes. Et tout à coup, tout cela va disparaitre. Le temps va s'effondrer !

En fait la question qu’ils devraient se poser est : comment (et par quoi) remplacer l’activité principale qui structurait leur temps jusque-là ?

3- La peur de devenir inutile

Devenir socialement inutile angoisse 1 personne sur 2 qui s’imagine en rebut de la société.

Un retraité (ou une !) est une personne qui a pris sa retraite. Monsieur de La Palisse n’aurait pas dit mieux. Il (ou elle !) est donc en retrait de la société. Mis au ban. Rejeté comme un vieux machin qui ne sert plus à rien.

La société du jeunisme y est bien pour quelque chose !

Etre, ou du moins paraitre jeune ! Voilà ce qui est valorisé. La vieillesse ce n’est pas beau, c’est triste, ça fait peur car cela nous rapproche de l’étape ultime. N’ayons pas peur (sic), disons le mot : cela nous confronte à la mort.

Le mot "retraite" serait l'anti-thèse de la fontaine de jouvence ? Il faut s'acharner à trouver un autre mot pour parler de cette nouvelle période de la vie et chasser le démon du retrait. (voir le podcast de Corinne qui n'aime pas du tout le mot retraite)

4- La peur de l’isolement et de la solitude

« 300 000 français de plus de 60 ans sont en situation de mort sociale » annonçait une enquête du CSA de 2017.

Sonia parle plus sobrement de coupure sociale : autrement dit, elle a peur d'être coupée de ses collègues et autres personnes de son milieu professionnel.

Ne plus les côtoyer, ceux qu’on aime bien et ceux qui nous laissent indifférents et même ceux que l’on déteste. Ne plus voir toutes ces personnes, c’est bien être en retrait, c’est rester seul. Et c’est effrayant.

5- Le défi majeur de la retraite : qui suis-je ?

En plus de tout ça, le début de la retraite crée aussi un bouleversement identitaire.

Le retraité débutant s’est séparé de ce qui structurait sa vie antérieure : le travail. Car en principe on trouve un sens à sa vie par le travail. La relation aux autres, inhérente au travail, donne aussi du sens à la vie.

(Bon, ok, ma copine Elisabeth fait un boulot alimentaire, qui ne l'intéresse pas du tout, mais qui lui permet de remplir le frigo ! son boss lui met la pression, lui passe régulièrement un savon. Ok. Mais en dehors du boulot, elle chante et elle fait du théâtre. Voilà ce qui donne du sens à sa vie. Elle en ferait plus si elle n'était pas obligée de bosser pour manger ! Plus que 2 ans à tirer !)

Travailler nous donne le sentiment d’être utile à la société. Dès lors que l’on entre dans la retraite, tout cela s'évanoui, disparait, fond comme le sucre dans le café !

Le premier et l’ultime défi de la retraite serait donc de donner du sens à sa vie.

Qu’est-ce que je fais de ma vie, maintenant ?

Dans la vie professionnelle vous avez un titre, un statut – secrétaire, directrice, professeur, responsable financier, kiné, physicienne ou tailleur pour dame – qui vous définit socialement.

A la retraite vous êtes juste « retraité ». Peu importe ce que vous avez fait avant. Retraité n’est pourtant qu’une catégorie administrative. Cette dénomination va masquer tout ce que la vie a fait de vous.

Retraité, simplement et rien d’autre.

Que vous soyez danseuse de l’Opéra ou technicien de surface, colonel de l’armée de terre ou contremaitre dans le BTP, rédac chef pour un magazine de pêche ou formatrice appointée dans une école de coiffure : à la retraite, vous êtes retraité(e).

Uniformisation. Pas une tête ne dépasse.

Il est donc naturel de ressentir des craintes, et même de fortes angoisses au passage à la retraite : peur d’être inutile, de tomber dans un abime de grand vide, de trouver le temps long. Et surtout ne plus savoir qui vous êtes.

6- Et enfin, la peur de se laisser happer par un grand vide béant

« Dans 6 mois, je serai officiellement retraitée. Ça me met la pression ! Mon mari est déjà à la retraite. Il m’attend !

Mais dans ma tête j'ai toujours 20 ans, j'ai une super forme et des tas d'envies professionnelles. 

Je ne sais pas peindre et je n’ai pas envie d’apprendre, tenir sa maison et faire le ménage ce n’est pas mon truc, je ne suis pas bricoleuse et je n'ai pas de petits enfants. Ma retraite je la vois comme un gouffre qui m'appelle vers le néant. » Déclaration d’un retraitée débutante, qui récupère ses RTT.

Que vais-je faire après ? Comment réinvestir mon temps ? Le sentiment de passer du tout au rien, la voici donc cette énorme peur du vide.

Que certains vont s'empresser de bourrer avec tout ce qui passe à portée de main et qui finiront par être surbooké ! Franchement, ce n'est pas mieux.

Le bon et le mauvais stress

Le trac, le stress est une réponse de notre organisme à une situation qui lui demande un effort d’adaptation.

Le mauvais stress c’est l’angoisse, la peur d’échouer, la terreur de ne pas pouvoir gérer la situation nouvelle. Cette angoisse nous mine, dresse un mur d’hostilité dans notre tête, un mur qui nous empêche d’avancer.

Le trac, le bon stress, c’est celui du comédien ou du conférencier avant qu’ils ne commencent à s’adresser à leur public. Ce qui le provoque c’est le désir de réussir, la motivation à bien faire. Le trac est stimulant. D’ailleurs, dès l’entrée en scène, il disparait et le comédien est tout à son personnage.

Le stress est une réaction normale. Il nous aide à mobiliser nos ressources pour réussir.

Pour que le trac de la transition retraite reste positif et stimulant, le mieux est de se poser un peu et de réfléchir à ce qui va se passer, aux difficultés que l’on aura à surmonter.

Ça permet de gagner en sérénité.

Faire le point, définir le genre de vie que l’on aimerait avoir à la retraite, rester ouvert à de nouvelles amitiés, savoir rire de soi, ne pas perdre son sens de l’humour sont des cartes à jouer, des atouts maitre pour y arriver.

L’important est de faire face à la réalité, sans la fuir. Sinon, vous allez devenir tyrannique, irascible, tête de mule, pleurnicheur.

Et s'il y avait une façon optimiste (mais réaliste) d’envisager la retraite ?

Certains le vivent comme une crise, d’autres comme une seconde adolescence : personne ne reste indifférent à la transition retraite. Alors il vaut mieux le vivre de façon optimiste… mais réaliste !

Pour commencer : à la retraite, vous n’êtes plus obligé,
c'est-à-dire socialement obligé de travailler.

Vous n’êtes plus obligé de mettre le réveil le matin pour vous lever et vous apprêter à aller au boulot. Vous n’avez plus de patron sur le dos qui vous impose des objectifs inatteignables, ce qui allège notablement votre stress et votre épuisement quotidien.

A la retraite, vous devenez votre propre patron.

C’est sans doute cela le plus difficile, surtout quand on n’est pas habitué ! Alors comment sortir de ces angoisses ?

Vous voulez chasser ce sentiment étouffant de vacuité ?

Et donner du sens à votre vie de retraité…

Voici comment.

C’est très simple.

Il suffit de trouver les réponses, vos réponses, à ces quelques questions.

Mais auparavant, deux ou trois pistes pour lutter contre l’angoisse :

- Marchez, faites régulièrement vos 6000 voire 8000 pas par jour, à votre rythme. Excellent remède contre le stress.

- Stimulez vos fonctions intellectuelles. Alors lisez, lisez encore. C’est formidable pour la santé mentale (voir ici aussi), jouez aux dames ou aux échecs, faites des sudoku ou des mots fléchés…

- Soyez curieux de tout. Intéressez-vous à tout ce qui vous entoure, informez-vous sur ce que les gens vivent quand ils sont à la retraite. Vous verrez, cette gymnastique de l'esprit vous fera un bien fou et réduira les tensions de tout votre corps !

- Abusez des moments papillon. Aménagez-vous des moments de détente consacrés à rêvasser, à regarder voler un papillon. (je vous explique tout ça dans mon livre)

- Gardez un brin de folie, d’inattendu dans votre vie ! La retraite ce n’est pas la fin accablante des haricots. Gardez votre humour. Riez autant que vous pourrez.

- Imaginez la retraite comme un nouveau départ (en images dans votre tête), une nouvelle vie qui commence avec de nouvelles opportunités et de nouveaux projets. La retraite c’est la fin de votre activité professionnelle (et encore, pas toujours), ce n’est pas la fin de votre vie. Ne confondez pas !!

Bien. Vous êtes prêt maintenant pour un petit exercice de préparation à la retraite.

Exercice : 1 retraite, des retraités

Oui la retraite est un statut administratif identique (ou presque) pour tous. Mais chaque retraité a sa propre histoire, sa personnalité. Nous ne sommes pas plus identiques à la retraite que nous l'avons été au cours de notre vie professionnelle.

Voici 9 questions.

Prenez une feuille de papier et tachez de répondre avec sincérité. 🙂

Vous avez 2 heures. 😉

1. 
Quel était autrefois mon passe-temps préféré, que j’adorais mais que je ne pratique plus ?

2. 
Qu’est-ce que, aujourd'hui, j’ai envie de faire, vraiment envie de faire ? Qu’est ce qui me fait plaisir ?

3. 
Quels sont mes talents ?

C’est-à-dire quelles sont les activités que je fais avec facilité, sans problèmes et qui réussissent presque à chaque fois ? Les activités pour lesquelles je reçois souvent des compliments ? Organiser une collecte de vêtements, monter un budget, cuisiner des repas sans gluten, expliquer les math, faire fleurir votre jardin…

4. 
De quelle personnalité publique (élu, chef d'entreprise, musicien, professeur, écrivain, animateur public…), connue ou pas, je partage les valeurs ? A qui j’aimerais ressembler ?

5. 
Quelles compétences et savoir-faire pourrais-je mettre au service des autres ? Qu'est-ce que je sais qui peut aider les autres ?

6. 
Qu'est-ce que les gens n'aiment pas faire et que moi j'aime vraiment faire ?

7. 
Qu'est-ce que je trouve inacceptable ?

Dans quelle situation je pense : « Quelqu'un devrait faire quelque chose à ce sujet ! Je suis autant « quelqu'un » que n'importe qui. Je pourrais faire quelque chose à ce sujet. »

8. 
Est-ce que j’ai envie d’une retraite hyper active ou d’une retraite relax ?

Est-ce que j’ai envie d’aider les autres, de me préoccuper seulement de mes proches  ou de me rassasier de jours tranquilles ?

9. 
Est-ce que je préfère un agenda planifié et super organisé ou quelques activités programmées et le reste comme ça vient ?

 

Faire ce que vous aimez et penser que c'est important :
qu’est-ce qui pourrait être plus stimulant ?

Nous avons passé en revue les principales sources d'angoisse : le manque d'argent, l'ennui, l'inutilité sociale, l'isolement, l'identité sociale et le grand vide béant qui s'ouvre devant vous.

Tout cela génère du stress. C'est une réaction saine qui nous aide à nous mobiliser. Surtout le bon stress, le trac des comédiens, pour donner le meilleur de soi-même.

Je vous encourage à faire l'exercice : répondre à ces 9 questions, pour faire le point sur vous-même, avec vous-même.

Je vous rappelle que prendre du temps pour soi est une façon de s’émerveiller de la vie. Cela n’a rien d’égoïste. Ne culpabilisez pas, cela ne vous apportera rien de bon ni de constructif. Au contraire !

Clarifier ce qui peut donner du sens à votre nouvelle vie

Faire quelque chose que vous aimez, sentir que cela compte, le faire avec des gens que vous aimez et éventuellement être payé pour cela : voilà une retraite qui s’annonce super bien !

Ces questions, du moins les réponses que vous allez apporter, vont vous aider à clarifier ce qui pourrait donner du sens à votre nouvelle vie et peut-être, si vous en avez le souhait, vous aider à trouver un apport financier complémentaire.

L’atelier « Bien dans ma retraite » vous permet d’aller plus loin :
Il vous aide à identifier vos talents, vos moteurs, vos envies. Et vous prend par la main pour dessiner avec précision votre projet de vie à la retraite.
L’atelier vous aide à trouver vos réponses à ces questions et à d’autres qu’il est pertinent de se poser au moment de la transition retraite.
Pour en savoir plus c’est ici.

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