Vu sur Facebook… partir ou ne pas partir ailleurs ?

Un de mes amis Facebook va partir à la retraite d'ici le 1er janvier prochain. Et il a la trouille.
Content mais avec l'angoisse au ventre.

Voici un petit échange auquel j'ai assisté (oui, bien sur les prénoms ont été changés !)

PAUL :
J'ai peur de partir à la retraite. Je le reconnais, je l'avoue. En restant à Paris je trouverais sans doute de quoi m'occuper. Mais vivre à Paris, la vie est chère à Paris, ça ne va pas être facile. Et partir en Bretagne où je ne connais personne sauf ma fille, ça ne l'est pas davantage.

JEAN-LUC :
Viens dans le Loiret. Tu pourras bêcher le jardin et m’aider à couper le bois !
JACQUES :
Viens à Bordeaux !

PAUL :
J'aime beaucoup Bordeaux. Je suis venu voir une expo, il y a un mois.

RICK :
C'est dingue de devoir quitter une région à cause du cout de la vie !

NADINE :
Effectivement, choix pas facile. Dans deux ans, nous serons confrontés au même problème !

CLAUDE :
La qualité de vie est meilleure en Province. Ça fait 2 mois que je suis à la retraite. Je suis dans ce qui était ma maison de campagne, dans l'Yonne. En Province on rencontre des gens dans des associations pleines de vitalité. Et pour la grande ville, on prend le train et hop, Paris est à nous.

ROLAND :
Déménager pour aller ailleurs, c'est aussi une façon de se construire une nouvelle vie. On peut se réinvestir dans un autre cadre. Faut être adaptable. Comme ça on reste jeune. Moi c'est pour dans 4 ans mais je me prépare déjà, je me cherche une maison à la campagne, enfin, dans une petite ville.

ODILE :
Viens me rejoindre en Alsace, Paul, si tu veux

PAUL :
Je ne connais pas l'Alsace. Juste la cathédrale à Strasbourg. Merci de ta proposition !

LUCIE :
J’ai toujours bossé à Paris et j’ai habité longtemps à Montreuil, en proche banlieue. Quand j’ai pris ma retraite, il y a 2 ans, je me suis installée en Seine et Marne à 75km de Paris. Pour venir à Paris je mets 1h30 en voiture. Comme ça je peux me faire des expos et voir quelques copains quand j’en ai envie. Et profiter de la campagne, de la nature !

PAUL :
Je suis un urbain donc je préfère un centre ville avec des transports en commun.

LUCIE :
Oui je comprends c'est aussi pour ça que je ne suis pas loin de Paris.

THIERRY :
Par chez moi, tu trouveras des amis de ton mouvement politique.

Tout n'est pas rose pour autant…

PAUL :
Partager les mêmes idées politiques n'implique pas de partager les mêmes goûts. Cela dit j’aime les grands voyages mais les voyages ça coûte cher.

COCO :
Moi j’habite en grande banlieue. Je mets 1 heure et plus pour venir à Paris. Avant mon PASS NAVIGO était pris en charge par la boite. Maintenant il faut que je débourse chaque mois… Et puis mes amis sont à Paris ou en banlieue proche. Près du métro, quoi ! Du coup je me sens très isolée.

CHRISTINE :
Aujourd’hui, on est fragilisé financièrement et socialement. A terme par l’âge et par la santé !

MURIEL :
Le départ en retraite est un moment difficile, une mise en retrait pour ne pas dire une mise en marge... Il m'a fallu 18 mois de transition car si les "activités" associatives se juxtaposent, elles ne donnent pas forcément un sens à cette nouvelle période de vie... Le plus agréable c'est de prendre son temps sans contrainte d'emploi du temps.
Le mot retraite n'est pas très positif : le couvent ou la Berezina. Changer de ville me semble difficile mais en tout état de cause il faut cultiver les relations déjà acquises.

Merci Muriel, Coco, Lucie et les autres.

La morale de l'histoire : la fuite en avant et la peur du vide

Je vous rappelle que l'on ne devient pas quelqu'un d'autre parce que l'on prend sa retraite. On a juste l'âge d'être soi-même. Alors, déménager ? Partir ailleurs ? Pourquoi pas mais c'est une décision qu'il ne faut pas prendre à la va vite… et faire attention à la fuite en avant, juste pour ne pas avoir à se confronter à sa nouvelle situation.

J'ai interviewé il y a quelques temps Anne-Marie, formatrice free-lance, et son mari Daniel, cadre de banque, quelques temps après leur départ à la retraite.

Dès le pot de départ de Daniel, ils déménagent sur la côte atlantique, dans un petit village. Ils vont habiter ce village calme et bucolique pour vivre une retraite tranquille loin du stress de la grande ville, pour profiter des promenades du bord de mer, d’un climat plus clément, d’un environnement plus écologique.

Mais l’intégration dans le village n’est pas facile. Ils sont perçus comme des étrangers, des "parachutés" qui s’intéressent de trop près aux affaires de la cité, de ce village dont ils ne connaissent pas les us et coutumes.

Rencontrer des gens, tisser des liens… les gens d’ici sont assez renfermés, me racontent-ils. Dans la banlieue à l’est de Paris, où ils habitaient auparavant, ils faisaient du sport, ils profitaient du cinéma, ils allaient de temps à autre au théâtre, ils voyaient au moins une fois par semaine leur premier petit-fils.

Résultat des courses : au bout de vingt mois dans le village, ils ont cherché à vendre leur nouvelle maison pour revenir près de leurs enfants et petits-enfants, dans la grande ville.
Bon, j'dis ça, j'dis rien…
Je raconte ça dans le chapitre 1 du bouquin "La vie à la retraite, mode d'emploi".

Paul, tu peux toujours venir voir sur le site de Boom Génération