La génération sandwich, ça vous dit quelque chose ?

Marie-Paule est une droguée du travail prise en sandwich entre ses parents âgés et ses petits-enfants. Pourtant, elle aborde la retraite avec sérénité.

Depuis un bon moment déjà, Marie-Paule en avait assez de travailler jusqu'à pas d'heure chaque semaine, d'emporter des dossiers à la maison le week-end, de… Elle se sentait un peu trop accro à son travail même si ses responsabilités lui faisaient plaisir, un peu trop workaholic comme disent les anglo-saxons.

Et cela lui pesait.

Elle avait très envie de lever le pied, de faire autre chose. De changer de boulot ou du moins d'activité. De partir à la retraite en somme. Notamment parce que son mari y était déjà.

Elle a donc vérifié auprès de la CNAV qu’elle avait toutes ses annuités. Après 41 ans de maison — une belle et longue carrière — ça ne posait pas de problème.

A partir de là tout s’est enclenché. Un jour elle a appelé sa fille et lui a dit « Ça y est ! Youpi ! Je suis libérée ».

Marie-Paule est officiellement à la retraite depuis 1 mois. En fait, elle ne prend plus le chemin du bureau depuis 3 mois déjà à cause… ou plutôt grâce aux congés à récupérer.

La génération sandwich : ça coince toujours un peu

Sa fille (unique) a déménagé récemment à une heure de route de chez ses parents. Elle ne voulait pas changer les enfants d’école en cours d'année. Au début c’est Papy qui s’en occupait. Maintenant ils sont à deux : Papy et Marie-Paule.

Toujours alertes à 92 et 94 ans, les parents de Marie-Paule habitent dans le même immeuble qu’elle. Une chance, un confort qui n’est pas donné à tout le monde. Forcément, ça lui facilite la vie pour veiller sur eux !

Si bien que Marie-Paule, coincée entre d’un côté les petits enfants et de l’autre ses parents âgés, est une parfaite illustration de ce que les sociologues appellent « la génération sandwich ». Et c’est cela qui l’a poussée à partir à la retraite. Etre ainsi entre deux tranches de pain tout en continuant à travailler, à travailler beaucoup, elle n'en pouvait plus.

Marie-Paule est une optimiste. S’occuper des petits-enfants est certes très fatiguant mais « ça me fait du bien. Moralement. C’est extraordinaire. Parce que les petits bouts, là, c’est la vie. » Ceci dit, elle continue à rentrer chaque soir chez elle vers 20h, ce qui ne la change pas beaucoup de sa vie de bourreau de travail.

Bientôt dégagée des obligations… de faire la nounou

Pour autant, Marie-Paule se sent moralement obligée de s’occuper de ses petits-enfants : elle se transforme en nounou. Naturellement, elle se sent aussi obligée de s’occuper de ses parents. Et elle rouspète un peu parce que ce n’est pas le cas de tout le monde :

« Les beaux-parents de ma fille, ils ont les mêmes petits-enfants hein et bien ils ne se font pas de souci. Ils sont partis 5 semaines à l’Ile Maurice et voilà. Bon mais moi je ne serais pas sereine de laisser les choses comme ça. Quand on est partis 5 jours en Allemagne mon mari et moi, mon père est tombé dans l’escalier. Je me suis fait beaucoup de souci ! »

Ses petits-enfants ont 5 ans et 2,5 ans. A la rentrée prochaine ils seront inscrits près de leur nouvelle maison. Marie-Paule et son mari n’auront plus à s’occuper d’eux au quotidien : aller les chercher à l’école et à la crèche, les occuper le mercredi, etc. Ils pourront faire d’autres choses. Marie-Paule pense que cette année est une année de transition.

Les collègues lui manquent affreusement

Marie-Paule a fermé la porte sur ses 41 ans de maison, apparemment sans regret. Elle ne s’accroche pas au passé. Elle vit dans le présent.

« J’avais préparé toutes mes fiches pour mon successeur. Je suis partie sereine. Le jour où j’ai fermé la porte du bureau, j’ai tourné la page de ma vie professionnelle. C’est exactement ça : tourné la page. »

Pourtant, la dimension relationnelle de sa vie au travail lui manque.

« Oui bien sur j’y pense à mon boulot. Mais je n’ai pas de regrets. Oui je pense aux repas à la cafet’ avec les collègues. Les échanges. Bon avec mon mari les échanges c’est pas pareil. Quand on se retrouve à midi on n’a pas des tas de trucs nouveaux à se raconter… oui le relationnel. Des fois quand vous arrivez le matin vous n'avez pas le moral, on échange avec les collègues on parle de différentes choses, ça vous change les idées. »

Marie-Paule sait que certaines personnes éprouvent un sentiment d’isolement et d’inutilité à la retraite. Mais non, ça ne lui arrivera pas, pas à elle, elle se sent bien trop indépendante pour ça ! C’est du moins ce qu’elle croit. Elle a juste besoin d’être rassurée sur ses craintes.

De quoi a-t-elle peur ? Qu’est ce qui l’inquiète ?

Certes, Marie-Paule n’en a pas encore fini avec la paperasse administrative de la retraite — le dossier CNAV, le dossier Mutuelle santé et le reste — et cela la préoccupe.

Mais ce qui l’inquiète plus profondément c’est le coté social : la perte des relations avec les gens qu’elle côtoyait dans son travail. « 41 ans de boite et du jour au lendemain on n’en entend plus parler ! » Elle fait entendre de lourds soupirs quand elle évoque les conversations entre collègues, le midi à la cantine.

Toutefois, Marie-Paule n’est pas la plus mal lotie.

« J’ai une amie… elle a repoussé son départ jusqu’à 67 ans car elle a un mari difficile. Elle m’a dit qu’elle n’aime pas cette vie. Elle travaillait à temps partiel, le matin. L’après midi elle faisait des expos et prenait le thé avec ses copines, elle rentrait chez elle le soir. La vie était belle. Maintenant elle habite en grande banlieue loin de Paris, elle a annulé son abonnement transports. Elle est très isolée. »

Je n’aime pas le mot "retraite"

Marie-Paule est dynamique, active, pleine d’énergie. Elle a dirigé un service important dans sa boite. L’idée de la retraite la bloque quand même un peu… elle n’aime pas le mot « retraite ».

J'ai prévu de faire de l’aquagym et d'apprendre le dessin, l’année prochaine, explique-t-elle. Elle a aussi des projets de voyage. Reste quand même à convaincre son mari. De toute manière, entre pas assez d’activité et être surbookée comme certains retraités de sa connaissance, elle « saura faire les bons choix ». Elle, elle ne va pas laisser filer le temps et s’empêtrer dans tout un tas de petites choses sans importance.

« Mon mari et moi, nous décidons ! » déclare-t-elle avec assurance. Ce voyage qu’elle voudrait faire en Inde, elle ne sait pas encore quand elle achètera les billets mais elle est certaine que, elle et son mari, découvriront un jour prochain ce pays lointain.

On verra plus tard ?

Actuellement elle est très occupée avec ses petits-enfants et ses parents âgés. « Pour le reste on verra plus tard ». Pour le moment Marie-Paule n’a pas cherché à savoir ce qu’elle a vraiment envie de faire. Si elle peut réaliser ses rêves les plus fous. Sous son optimisme souriant et son assurance à penser que tout ira bien… pointent des inquiétudes : ne plus côtoyer toutes ces personnes qu’elles voyait régulièrement autrefois.

Saura-t-elle ouvrir une nouvelle porte et laisser entrer l’utilité sociale et la sociabilité avec leurs rayons de soleil ?
Vous le saurez lorsque d’ici un an ou deux je retournerai l’interroger.

D'ici là, dites-moi, et vous, quels sont vos rêves fous ? Racontez-moi. J’adore lire vos histoires…

 

Comment s’en tirer quand on est workaholic ?

Un workaholic est un accro au travail, c'est-à-dire quelqu’un qui en fait trop, qui travaille de longues heures, qui a du mal à s’arrêter de travailler, qui rapporte du boulot à la maison, le soir et le week-end, qui est obsédé par son travail, au détriment de sa vie familiale et amicale.

Un workaholic qui a dépassé 60 ans n’a pas envie de penser à la retraite.

Apprendre à sortir de l'hyperactivité et de l'anxiété ambiante, c’est tout un programme.

Dans un prochain article, je vous proposerai quelques idées pour s’en tirer.

A bientôt

 

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